Libre comme l’air

Les choses auraient sans doute été plus simples si je n'avais pas été fatiguée au point de ne plus être capable de rentrer un mot de passe correctement. C'est à 9:53 exactement que j'ai réussi à me logger et pu commencer à annoncer, expliquer, et lancer l'interview de deux heures sur les réseaux historiques que je donnais depuis le compte de l'AG Digitale Geschichtswissenschaft prévue de 10 à 12h ce 17 décembre 2014.

Deux heures de gazouillis à l'air frais -Un air frais bien rempli, les deux heures ont été denses. Mes expériences de lecture de twitterinterviews ne m’avaient pas vraiment préparée à l'exercice en position d’intervieweur. J'avais pourtant l’impression d’avoir bien anticipé mon affaire : j’avais défini à l'avance une série de thèmes en fonction des compétences et expériences des personnes que j'interviewais (l'une sur la dimension théorique, l'autre davantage sur les aspects pratiques), et j'avais communiqué ce fil directeur quelques jours à l'avance à mes interlocuteurs. J'avais peiné à trouver un hashtag et finalement opté pour #hnSTR (historische Netzwerke/historical networks suivi du code ville de là où j’enseigne, puisque l’interview avait lieu dans le cadre d’un cours).

Mais il s’est avéré plus difficile que je ne le pensais de trouver un bon rythme d’interview (le storify sera bientôt consultable). J’ai attaqué beaucoup trop sur les chapeaux de roues et ai du coup lancé plusieurs questions en parallèle, n’attendant pas assez longtemps les réponses (souvent en 2 ou 3 parties) de la personne que j’interviewais. Pour tout dire, je lui suis bien reconnaissante, car après avoir entrelacé les fils de la discussion 2 ou 3 fois, j’ai compris qu’il fallait que j’attende plus longtemps entre les questions. C’est ce qui m’a permis de sortir de mon schéma d’interview et de réagir à partir de ses réponses pour approfondir sur un aspect ou l’autre : or c’est précisément ce temps d’approfondissement qui a donné de la profondeur à cette partie de l’interview, une sorte de souffle.

Les choses se sont un peu accélérées ensuite une première fois au moment du passage de relais, la deuxième personne interviewée ayant rebondi sur plusieurs aspects de la première interview. Ensuite, d’autres interlocuteurs se sont immiscés dans la discussion, ce qui a à nouveau densifié le flux d’informations. Pour le coup, je n’avais plus le temps de formuler mes demandes de précision à partir des réponses fournies à mes questions de départ, Mareike König les formulait plus vite que moi (pratiquement à l’identique de ce que j’étais en train d’écrire). Tandis que la discussion commençait à foisonner et à partir vers des questions fondamentales (métadonnées, structures des données, rapport entre question de recherche, sources et outils), je passais de mon côté de l’écran la plupart de mon temps à commencer un tweet pour l’effacer, et finalement ne rien envoyer. C’est à ce moment-là que je suis revenue vers mon fil d’interview, qui m’a permis de restructurer la fin de la discussion.

Il faut donc un savant mélange de directivité et de participativité pour réussir sa twitterinterview, telle serait ma conclusion.

Dans l’ensemble, c’est un exercice assez intéressant pour cet aspect rythmique, le souffle que cela requiert : penser le lecteur, penser la personne interviewée, penser l’archivage de la discussion et trouver un rythme adapté à tous ces aspects. Lorsque Sebastian Giessmann écrivait qu’il faut penser en réseau pour penser les réseaux, il y a un peu de cela dans l’exercice de la twitterinterview, il faut penser le réseau pour penser l’interview.

En ce qui concerne la densité des idées et analyses échangées, on peut aller étonnamment en profondeur. Peut-être cela tient-il au fait que, dans l’utilisation scientifique de twitter, nous sommes habitués à mettre des concepts génériques en relation les uns avec les autres, donc à travailler avec de gros concepts et une syntaxe minimale. Une question de recherche peut bien, après tout, être articulée en 140 caractères. Et être relayée par une autre, puis une autre, jusqu'à former une argumentation. Twitter comme pratique d’écriture scientifique, nous y revoilà.

 

Quelle: http://140.hypotheses.org/100

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Libre comme l’air

Les choses auraient sans doute été plus simples si je n'avais pas été fatiguée au point de ne plus être capable de rentrer un mot de passe correctement. C'est à 9:53 exactement que j'ai réussi à me logger et pu commencer à annoncer, expliquer, et lancer l'interview de deux heures sur les réseaux historiques que je donnais depuis le compte de l'AG Digitale Geschichtswissenschaft prévue de 10 à 12h ce 17 décembre 2014.

Deux heures de gazouillis à l'air frais -Un air frais bien rempli, les deux heures ont été denses. Mes expériences de lecture de twitterinterviews ne m’avaient pas vraiment préparée à l'exercice en position d’intervieweur. J'avais pourtant l’impression d’avoir bien anticipé mon affaire : j’avais défini à l'avance une série de thèmes en fonction des compétences et expériences des personnes que j'interviewais (l'une sur la dimension théorique, l'autre davantage sur les aspects pratiques), et j'avais communiqué ce fil directeur quelques jours à l'avance à mes interlocuteurs. J'avais peiné à trouver un hashtag et finalement opté pour #hnSTR (historische Netzwerke/historical networks suivi du code ville de là où j’enseigne, puisque l’interview avait lieu dans le cadre d’un cours).

Mais il s’est avéré plus difficile que je ne le pensais de trouver un bon rythme d’interview (le storify sera bientôt consultable). J’ai attaqué beaucoup trop sur les chapeaux de roues et ai du coup lancé plusieurs questions en parallèle, n’attendant pas assez longtemps les réponses (souvent en 2 ou 3 parties) de la personne que j’interviewais. Pour tout dire, je lui suis bien reconnaissante, car après avoir entrelacé les fils de la discussion 2 ou 3 fois, j’ai compris qu’il fallait que j’attende plus longtemps entre les questions. C’est ce qui m’a permis de sortir de mon schéma d’interview et de réagir à partir de ses réponses pour approfondir sur un aspect ou l’autre : or c’est précisément ce temps d’approfondissement qui a donné de la profondeur à cette partie de l’interview, une sorte de souffle.

Les choses se sont un peu accélérées ensuite une première fois au moment du passage de relais, la deuxième personne interviewée ayant rebondi sur plusieurs aspects de la première interview. Ensuite, d’autres interlocuteurs se sont immiscés dans la discussion, ce qui a à nouveau densifié le flux d’informations. Pour le coup, je n’avais plus le temps de formuler mes demandes de précision à partir des réponses fournies à mes questions de départ, Mareike König les formulait plus vite que moi (pratiquement à l’identique de ce que j’étais en train d’écrire). Tandis que la discussion commençait à foisonner et à partir vers des questions fondamentales (métadonnées, structures des données, rapport entre question de recherche, sources et outils), je passais de mon côté de l’écran la plupart de mon temps à commencer un tweet pour l’effacer, et finalement ne rien envoyer. C’est à ce moment-là que je suis revenue vers mon fil d’interview, qui m’a permis de restructurer la fin de la discussion.

Il faut donc un savant mélange de directivité et de participativité pour réussir sa twitterinterview, telle serait ma conclusion.

Dans l’ensemble, c’est un exercice assez intéressant pour cet aspect rythmique, le souffle que cela requiert : penser le lecteur, penser la personne interviewée, penser l’archivage de la discussion et trouver un rythme adapté à tous ces aspects. Lorsque Sebastian Giessmann écrivait qu’il faut penser en réseau pour penser les réseaux, il y a un peu de cela dans l’exercice de la twitterinterview, il faut penser le réseau pour penser l’interview.

En ce qui concerne la densité des idées et analyses échangées, on peut aller étonnamment en profondeur. Peut-être cela tient-il au fait que, dans l’utilisation scientifique de twitter, nous sommes habitués à mettre des concepts génériques en relation les uns avec les autres, donc à travailler avec de gros concepts et une syntaxe minimale. Une question de recherche peut bien, après tout, être articulée en 140 caractères. Et être relayée par une autre, puis une autre, jusqu'à former une argumentation. Twitter comme pratique d’écriture scientifique, nous y revoilà.

 

Quelle: http://140.hypotheses.org/100

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